
Un groupe de parieur
Dans certains pays,les Paris sportifs via application sont en passe de devenir une addiction pour la jeunesse.
Ces dernières années,les applications de pari sportif ont connu une véritable explosion.
Au Burkina Faso,la jeunesse est la strate de la société qui s’adonne à ces jeux de hasard.
Le principe est simple, télécharger et installer l’application de pari sportif puis miser.
Bien que ces activités puissent sembler inoffensives, elles peuvent avoir des répercussions sérieuses sur la santé et les finances des joueurs.
ELITES TV est allée à la rencontre de jeunes parieurs pour comprendre les facteurs qui les attirent vers ces jeux. Gaston Naba, élève trouve que c’est un jeu accessible au regard des tarifs pour parier. « C’est un jeu qu’on peut miser à partir de 90f, 100f, 200f. Je trouve que c’est un jeu moins cher », a-t-il déclaré. Également, il a laissé entendre qu’il gagne quelque fois de l’argent d’où son intérêt pour cette application.

« C’est un jeu moins cher », Gaston Naba, élève.
Ben Abdoul Rachid Kouanda, élèvedit aussi parierpour avoir de l’argent au regard de la pauvreté. Sylvain Kaboré, élève et passionné de mécanique, a découvert ce jeu grâce à ses amis. « Avant que je ne rentre dans le jeu, ce sont mes amis qui m’ont inspiré. Ils me disaient constamment que tel jeu rapportait de l’argent, qu’il fallait essayer. J’ai donc tenté ma chance. », a-t-il indiqué. Par fini, il en a pris goût. Son plus gros gain est estimé à environ 100 000F CFA avec une mise de 100 F CFA.

Sylvain Kaboré, élève
Pour Blaise Yoda, étudiant, à partir de 18 ans, il n’est plus possible de demander de l’argent à ses parents comme avant. Par conséquent, il joue pour subvenir à ses besoins. Le total de ses paris est estimé à 2000F CFA par semaine. Il a gagné à plusieurs reprises la somme de 45 000 F avec cette application. Il a également mentionné qu’il existe plusieurs autres jeux en raison de la facilité et de la fluidité des retraits. « En tant que jeune, on rêve, donc on joue pour gagner un peu d’argent, car nos parents ne peuvent pas toujours répondre à nos besoins comme nous le souhaitons. Avec l’âge, cela devient également plus complexe. », a-t-il expliqué.

« En tant que jeune, on rêve », Blaise Yoda, étudiant
Mésaventures
Derrière cette apparente attractivité, se cachent des enjeux complexes liés aux facteurs d’attraction et aux conséquences. A ce niveau Ben Abdoul Rachid Kouanda a révélé qu’il avait utilisé l’argent destiné à sa scolarité à l’insu de ses parents pour jouer, et qu’il avait perdu. Cependant, grâce à cette application, il a réussi à se rattraper. « Après cela, je me suis débrouillé avec mes amis et j’ai créé un autre coupon, ce qui m’a permis de régler mes frais de scolarité. », a-t-il déclaré.

Ben Abdoul Rachid Kouanda
Amadou Maman, étudiant en droit , a rencontré plusieurs mésaventures avec cette application. Une fois, il a misé l’argent de son examen et a tout perdu dans le jeu. Cependant, il a réussi à se rattraper grâce à la même application. Il a en outre signalé que ce dimanche 16 juin 2024, cette applicatio l’a marqué une fois de plus. « J’étais sur le point d’obtenir une somme colossale de plus de 260 000 F CFA avec seulement 200 F que j’avais misés. La fête aurait pu être belle. Il me manquait un but de l’équipe d’Angleterre, mais ils n’ont pas réussi à le marquer. Le match s’est terminé sur un score de 1-0, ce qui a tué mon coupon. », a-t-il ressassé. Tous ces incidents ne l’ont pas découragé à abandonner le jeu.

Amadou Maman, étudiant en droit .
« On a fait un coupon hier. Il restait un seul événement mais malheureusement ça n’a pas donné. Au lieu de rentrer à 22h ou à 23 h ce jour, par fini c’est à 19h je suis rentré pour pouvoir supporter la douleur seule. », a-fait savoir Sylvain Kaboré. D’après lui, il est fréquent de gagner de l’argent avec les paris via application mais en raison des retards de paiement, on finit par tout perdre dans le jeu. De plus, l’accro au jeu ne prête plus attention à son entourage. Souvent, après avoir perdu de l’argent, il n’a même plus envie de parler à ses amis ou d’écrire un SMS à sa chérie. Il rentre chez lui, accablé par la déception. « Personnellement, je pense que « goumin » des paris sportifs dépasse pour femme. C’est trop dur à supporter. », a-t-il martelé. Aussi, Gaston Naba a informé qu’il a misé 20.000f sur le premier match de l’Argentine avec l’Arabie Saoudite à la coupe du monde passé. Il a parié sur la victoire de l’Argentine car était une évidence pour lui. « Mais malheureusement l’Argentine a perdu le match. J’ai perdu mes 20.000f. En tant qu’élève ça été un coup dur pour moi. », a-t-il regretté. Cette douleur est partagée par Blaise Yoda qui a perdu au même pari. « Ce match nous a beaucoup traumatisés. », a-t-il déploré.
Conseils
Au regard des risques liés à cette application, Gaston Naba invite les jeunes à jouer avec modération et à ne pas commencer le jeu avant l’âge de 18 ans. Il souligne que si une personne n’a pas encore atteint cet âge, elle n’est pas encore suffisamment mature pour prendre des décisions importantes. Par exemple, elle pourrait utiliser l’argent destiné à sa scolarité ou voler celui de ses parents pour jouer.
Sylvain Kaboré, quant à lui, exhorte ceux qui n’ont pas encore commencé le jeu à ne pas le faire. « Chacun a sa chance, vous pouvez tenter, mais moi je suis dedans et je veux en sortir. », a-t-il ajouté.

Pour conclure,Ferdinand Bougma estime que la vie est un choix. Ainsi, c’est à chacun de porter sa croix. « Si tu penses que jouer ne t’aidera pas, reste tranquille dans ton coin. Nous voyons quelque chose en ces applications. Souvent, nous perdons, mais c’est ainsi que fonctionne le jeu. Les paris sportifs via l’application ne sont pas une obligation pour personne », a-t-il notifié.
D’après Issaka Kaboré, Psychosociologue de formation et enseignant dans les instituts supérieurs de Ouagadougou, le chômage, l’oisiveté, l’effet de contagion entre père et fils, et la culture de la facilité sont entre autres les facteurs qui justifient cette pratique au niveau de la jeunesse. A l’en croire , les paris sportifs sont à la fois attractifs et risqués. Une mauvaise gestion peut entraîner des conséquences financières négatives, la déperdition, le manque d’intégrité, la facilité et la paresse. « Déjà, à travers même l’appellation jeu de hasard, je pense que l’expression est assez péjorative et pour dire que les jeunes s’adonnent à une pratique hasardeuse avec beaucoup de risques. Donc, à travers cette pratique-là, pour moi, réellement, les jeunes n’ont pas d’avenir, les jeunes n’ont pas de vision, les jeunes réellement s’inscrivent dans une logique hasardeuse, ce qui n’est pas bon. Pour moi, en toute honnêteté, le jeu de hasard, c’est une pratique entre griffe à supprimer absolument. », a-t-il martelé.

Issaka Kaboré, Psychosociologue
Selon lui, dans le processus de développement, la jeunesse a un rôle à jouer. Cependant, si cette jeunesse ne s’engage pas de manière rationnelle et dans des pratiques éclairées, cela peut avoir des conséquences néfastes pour le pays. Ainsi, il invite les dirigeants à investir continuellement dans le capital humain, à croire en la jeunesse, la redéployer, la reconvertir vers des pratiques lucides. « Ici, ce capital n’est pas dans la logique du leadership, de l’entrepreneuriat et de la quête du savoir. Ce n’est pas bon pour le pays ni pour cette jeunesse. », a-t-il regretté avant d’ajouter que la question de la relève pose problème. Par conséquent, « il faut travailler rapidement à redorer le blason et à trouver une solution le plus diligemment possible. », a-t-il recommandé. Quant aux parents, il les invite à jouer réellement leur partition notamment en inculquant des valeurs familiales, traditionnelles, coutumières, religieuses et spirituelles à leurs enfants depuis le bas âge.
ELITES ECHOS
Wendaabo Cathérine KOURAOGO